Situé dans l’océan Indien à mi-chemin entre Madagascar et l’Afrique, Mayotte est un archipel de deux îles principales, Grande-Terre et Petite-Terre, et d’une trentaine d’îlots dépourvus d’habitants. Département et région d’outre-mer depuis 2009, Mayotte bénéficie depuis 2011 du statut de région ultrapériphérique, qui en fait un territoire plein et entier de l’Union européenne. L’île compte 17 communes et 5 intercommunalités.
D’une superficie de 376!!!km2, l’île est la plus petite région française en termes d’aire géographique, la moins peuplée, et le dernier territoire ultramarin en termes de production de richesse nationale.
— Données de contexte
Géographie
À plus de 8!!!000 kilomètres de Paris, Mayotte est un petit archipel situé dans l’océan indien au large du Mozambique au sein d’un vaste lagon ceint par une barrière de corail longue de plus de 150!!!kilomètres. Territoire volcanique, la topographie de l’île, comme d’autres territoires ultramarins, se caractérise par des reliefs volcaniques montagneux au centre, qui culminent à 700!!!mètres d’altitude, et une concentration de l’habitat le long des côtes, en particulière au nord-est de l’île, atour de Mamoudzou qui en est la capitale économique. Mayotte bénéficie d’un climat tropical maritime avec une saison sèche au cours de l’hiver austral, et une saison humide qui occasionne de fortes précipitations.
La densité de population de l’île est particulièrement élevée, une caractéristique partagée avec les autres territoires insulaires ultramarins. Avec 690!!!habitants au km², le département n'est devancé que par Paris et cinq autres départements d’Île-de-France. Cette particularité mahoraise est due notamment aux deux communes de la Petite-Terre, Dzaoudzi et Pamandzi, dont la densité de population avoisine 2!!!700 habitants au km². Comme d’autres territoires ultramarins également, l’île est d’origine volcanique et présente une topographie montagneuse en son centre, qui explique la concentration de la population sur le littoral.
Mamoudzou, Koungou et les deux communes de la Petite-Terre concentrent la moitié de la population. Mamoudzou reste la commune la plus peuplée du département avec 71!!!400 habitants, suivie par la commune voisine de Koungou (32!!!200 habitants). Entre 2012 et 2017, le poids démographique du nord-est de Mayotte s’accroît. À l’exception de Pamandzi, la croissance de la population y est en effet supérieure à la moyenne du département, entre +!!!4!!!% et +!!!5!!!% par an à Mamoudzou, Koungou et Dzaoudzi. En revanche, dans les autres communes situées à l’ouest, en particulier celles qui sont les plus éloignées de Mamoudzou, la population croît moins vite que la moyenne départementale. La dynamique démographique s’est donc inversée par rapport à la période 2007–2012, où la croissance était particulièrement forte dans les communes situées à l’ouest et éloignées de Mamoudzou.
Démographie
En 2017, 256!!!500!!!personnes vivent à Mayotte
[1]. Depuis 2012, la croissance de la population est particulièrement dynamique (+!!!3,8 % par an en moyenne). Elle est principalement portée par un fort excédent des naissances sur les décès (+3,3!!!%), tandis que le solde migratoire, plus ténu, est néanmoins positif (+0,5!!!%). En 2019, avec près de cinq enfants en moyenne par femme, la fécondité à Mayotte dépasse nettement la moyenne métropolitaine et celle des autres départements d’outre‑mer. Le fort excédent des naissances sur les décès est le premier moteur de la croissance de la population. En 2019, 9!!!770 enfants sont nés de mères domiciliées à Mayotte. La fécondité est portée par les mères de nationalité étrangère, comoriennes pour la plupart, qui donnent naissance aux trois quarts des bébés nés en 2019. Un nouveau-né sur deux est né de père de nationalité étrangère, et un peu plus d’un sur deux a au moins un de ses parents Français. L’excédent migratoire, redevenu positif, contribue aussi à l’augmentation de la population (+!!!1!!!100 personnes par an entre 2012 et 2017). La population est bien plus jeune que partout ailleurs en France : l’âge moyen est de 23 ans, contre 41 ans en métropole. L’indice de vieillissement est ainsi le plus bas de toutes les régions!!!: on compte 5 personnes âgées de 65 ans ou plus pour 100 personnes âgées de moins de 20!!!ans. La moitié des habitants de l’île ont moins de 18!!!ans.
À Mayotte, les flux migratoires entrants et sortants sont très différents selon le lieu de naissance et l’âge des personnes
[2]. Le solde migratoire des natifs de Mayotte est ainsi très déficitaire, et ce déficit s'est accru au cours des quinze dernières années (–!!!25!!!900!!!personnes entre 2012 et 2017, contre –!!!14!!!900 entre 2007 et 2012). En effet, de nombreux jeunes de 15 à 24!!!ans quittent le territoire pour poursuivre des études ou chercher du travail en métropole. Le solde migratoire des personnes nées en métropole ou dans un autre département ultramarin est légèrement déficitaire (–!!!1!!!000!!!personnes). À l’inverse, le solde migratoire est fortement excédentaire pour les natifs de l’étranger (+!!!32!!!500!!!personnes, soit dix fois plus qu’entre 2007 et 2012). De nombreuses personnes venues des Comores, îles proches de Mayotte, ont immigré durant les cinq dernières années. Ce sont surtout des femmes âgées de 15 à 34!!!ans, ainsi que leurs enfants.
Conséquence de ces flux qui se sont intensifiés et sont de sens différents selon l’origine des personnes, 48!!!% de la population est de nationalité étrangère en 2017, soit 123!!!000 personnes. Cette part est en forte hausse depuis 2012 (+!!!8!!!points). Comme en 2012, 95!!!% des étrangers sont comoriens, 4!!!% sont malgaches, et la part de ceux issus de l’Afrique de l’Est demeure marginale. En outre, 42!!!% des habitants de Mayotte n’y sont pas nés!!!: 36!!!% sont nés à l’étranger et 6!!!% sont nés en métropole ou dans un autre département ultramarin.
Niveau de vie
En 2018, le niveau de vie annuel médian des habitants de Mayotte est 3!!!140 euros, contre 21!!!650!!!euros pour la France (France métropolitaine et Martinique et La Réunion compris). Il s’agit du revenu médian le plus bas, et il est sept fois plus faible qu’au niveau national.
Conséquence de flux migratoires importants, une grande partie de la population vit avec très peu de ressources!!!: 77!!!% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté national équivalent à 60!!!% du revenu médian, soit cinq fois plus qu'en France. Parmi cette population pauvre, près de la moitié ne disposent que de très bas revenus (moins de 160!!!euros par mois et par unité de consommation). Les personnes pauvres sont en majorité natives de l’étranger, moins souvent en emploi et non éligibles aux prestations sociales. Celles-ci ne bénéficient qu’à une petite partie de la population pauvre, de sorte que les prestations sociales représentent une proportion relativement faible des revenus à Mayotte. Elles ne réduisent que de deux points le taux de pauvreté. Les natifs de Mayotte sont également concernés par la pauvreté, six ménages sur dix dont le chef de ménage est natif de Mayotte vivant sous le seuil de pauvreté.
Le niveau de vie médian des habitants de Mayotte est six fois plus faible que celui de métropole
[3]. En 2018, il a baissé par rapport à 2011, alors qu’il avait nettement progressé auparavant. Les écarts de niveaux de vie entre les plus aisés et les autres, déjà élevés en 2011, se sont encore accrus. Le niveau de vie plafond des 40!!!% les moins aisés est 20!!!% plus faible qu’en 2011, tandis que le niveau de vie plancher des 10!!!% les plus aisés a augmenté de 50!!!%.
Économie
En 2018, le PIB mahorais s’élève à 2,4 milliards d’euros. C’est le département français qui dégage le moins de richesse, y compris rapporté au nombre d’habitants. Le PIB est néanmoins en progression!!!: il a augmenté d’environ 7,5!!!% en valeur en 2017 comme en 2016. Le PIB par habitant, lui aussi en progression, reste près de quatre fois inférieur au niveau national. Le PIB est largement soutenu par les dépenses des administrations publiques. Le revenu disponible brut des ménages progresse rapidement à Mayotte, malgré un niveau de prestations sociales par habitant qui reste très inférieur à celui de métropole. La productivité apparente du travail (PIB par emploi) est nettement inférieure aux autres départements français, y compris d’outre‑mer!!!: 5!!!690!!!euros par emploi, contre 83!!!200 euros au niveau national. Le tissu économique, encore très informel, explique en partie cette faible productivité.
En 2015, à Mayotte, les entreprises informelles représentaient les deux tiers des entreprises marchandes, mais elles généraient seulement 9!!!% de la valeur ajoutée de l’ensemble des entreprises, soit 54!!!millions d’euros. Elles investissaient peu et leur productivité est faible. Il s’agit généralement de petites structures (1,3!!!travailleur par entreprise en moyenne), familiales et peu pérennes.
Marché du travail
Malgré des créations d’emploi importantes au cours de la dernière décennie, moins d’un tiers (29,5!!!%) des personnes en âge de travailler occupent un emploi à Mayotte en 2017, contre les deux tiers en France (hors Mayotte) (63,4!!!%). Le faible développement du secteur marchand explique pour partie cette situation, tandis que le secteur non marchand offre quasiment autant d’emplois qu’en France métropolitaine. Rares à Mayotte, les emplois sont aussi plus souvent précaires qu’au niveau national, surtout pour les femmes, les jeunes et les personnes nées à l’étranger. Le secteur marchand est peu développé, notamment l’industrie et le secteur tertiaire marchand qui concentrent bien moins d’emplois qu’au niveau national. A contrario, et comme dans les autres départements ultramarins, le tertiaire non marchand concentre plus d’emplois qu’ailleurs en France!!!: 55!!!% des emplois, contre 30!!!% au niveau national. La part du secteur de la construction est également plus forte qu’au niveau national (9!!!% contre 6!!!%).
Mayotte est le département d’outre-mer le plus touché par le chômage. En 2019, 30!!!% de la population active est au chômage à Mayotte au sens du Bureau international du travail. Un tiers des personnes en âge de travailler sont inactives (hors retraités et élèves ou étudiants) contre à peine 9!!!% au niveau national.
Niveau d’éducation
À Mayotte, en 2017, seules 32!!!% des personnes de 15 ans ou plus sorties du système scolaire possèdent un diplôme qualifiant, contre 72!!!% en métropole. C'est la région de France qui compte le moins de diplômés. À Mayotte, accéder à un emploi est bien plus difficile, mais être titulaire d’un diplôme y est valorisé : ceux qui en possèdent un sont autant en emploi qu’en métropole. Les niveaux de formation sont très différents selon l’origine géographique.
Qualité de vie
L’habitat reste précaire sur l’île. Les constructions fragiles, principalement en tôle, constituent quatre logements sur dix, comme vingt ans auparavant. Les étrangers y vivent plus fréquemment!!!: 65!!!% d’entre eux habitent dans une maison en tôle, contre 25!!!% des Français natifs de l’île. En outre, trois logements sir dix n'ont toujours pas l’eau courante, six logements sur dix sont dépourvus du confort sanitaire de base et un sur dix de l’électricité.
— Données culturelles
Offre culturelle
Mayotte compte une vingtaine lieux, sites et équipements culturels!!!: dix monuments historiques inscrits et classés, et deux bâtiments classés Architecture contemporaine remarquable, cinq établissements de lecture publique dont une bibliothèque départementale qui dessert les points relais, un service d’archives et trois musées. Le Muma, musée de France de Mayotte sis à Dzaoudzi, a attiré 6!!!000 visites en 2018. Les services d’archives sont fréquentés près 8!!!000 usagers en 2019.
Dépenses culturelles publiques
Les dépenses culturelles publiques brutes s’élèvent à 11!!!millions d’euros en 2019, soit 42!!!€ par habitant. Le bloc local n’est pas le niveau territorial qui engage le plus gros effort en matière culturelle, moins de 1!!!% de son budget total. Le budget culturel de la collectivité unique représente la moitié des dépenses culturelles publiques à Mayotte.
Dépenses culturelles du bloc communal!!!: 3!!!millions d’euros
Les quatre communautés de commune et la communauté d’agglomération, chacune comportant au moins une commune de 3!!!500 habitants ou plus, réalisent ensemble 3 millions d’euros de dépenses culturelles. Ce montant représente 1!!!% du budget général de ces cinq blocs locaux. Rapportées à la population totale, ces dépenses représentent un effort de 11!!!€ par habitant.
Les dépenses culturelles du bloc communal mahorais par secteurs culturels ne sont pas disponibles.
Dépenses culturelles de la collectivité unique de Mayotte!!!: 5,5!!!millions d’euros
Le budget culturel total de la collectivité unique s’élève à 5,5 millions d’euros, soit 21!!!€ par habitant. Il s’agit essentiellement de dépenses de fonctionnement, à l’exception d’une enveloppe de crédits d’investissement de 150!!!K€ destinés aux musées et d’un peu moins de 100!!!K€ pour le domaine des activités artistiques et culturelles. Ce dernier recueille un quart du budget culturel de fonctionnement, 1,4!!!M€ soit 5!!!€ par habitant. Près des neuf dixièmes des dépenses patrimoniales de fonctionnement bénéficient aux musées!!!: 3,2!!!M€ (sur 3,6!!!M€) soit 12!!!€ par habitant. Le secteur des bibliothèques et médiathèques est également financé à hauteur de 400!!!K€ en fonctionnement, soit moins de 2!!!€ par habitant.
Dépenses du ministère de la culture à Mayotte!!!: 2,5!!!millions d’euros
Ce sont près de 2,5!!!millions d’euros que le ministère de la Culture a engagé à Mayotte en 2019, soit 10!!!€ par habitant. L’essentiel de ces crédits sont en fonctionnement (2,2!!!millions d’euros).
Sources et documentation
Éric Janin, «!!!Mayotte!!!: un territoire vulnérable de la République!!!», in Éric Janin (sous la dir. de), Les 18 régions françaises, Ellypses, 2017
[1] Valérie Genay, Sébastien Merceron,
256!!!000 habitants à Mayotte en 2017, Insee Analyses Mayotte, n°!!!15, décembre 2017.
[2] Chantal Chaussy, Sébastien Merceron,
À Mayotte, près d’un habitant sur deux est de nationalité étrangère, Insee Première, n°!!!1737, février 2019.
[3] Sébastien Merceron,
Les inégalités de niveau de vie se sont creusées, Revenus et pauvreté à Mayotte en 2018, Insee Analyses Mayotte, n°!!!25, juillet 2020.